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Camille Chambonnière, doctorante à la Chaire Santé en Mouvement de l’université Clermont Auvergne: "Des vélos-bureaux à l’école pour contrer les méfaits de la sédentarité chez les jeunes"
Une proportion inquiétante des jeunes n’atteint pas le niveau d’activité physique recommandé. Avec le développement des outils digitaux, leur temps de sédentarité continue de croître. Camille Chambonnière est doctorante au sein de la Chaire Santé en Mouvement de l’université Clermont Auvergne, dont Assurance prévention est partenaire. La chercheuse a étudié les bienfaits de l’utilisation de vélos-bureaux dans les écoles comme stratégie de lutte contre cette sédentarité croissante.
La pandémie de Covid-19 a mis les projecteurs sur la santé mentale des jeunes. En quoi les confinements ont-ils aggravé les cas d’anxiété et de dépression ?
Lors du premier confinement, 60 % des enfants ont augmenté leur exposition aux écrans. Ils étaient enfermés chez eux et leurs parents étaient souvent accaparés par le télétravail. D’après une enquête que j’ai menée pour l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS), 42 % des enfants âgés de 6 à 10 ans et 50 % des adolescents, ont vu leur activité physique décliner pendant cette période. La hausse du temps de sédentarité était négativement corrélée à la santé mentale et à la qualité de vie, quel que soit l’âge.
Les adolescents sont-ils davantage concernés ?
Oui, clairement. Sans même prendre en compte l’impact du Covid, les activités sédentaires représentent la moitié du temps éveillé à l’âge de 7 ans, un ratio qui passe à… trois quarts à l’âge de 15 ans.
Si vous analysez la part des garçons qui atteignent les recommandations de l’OMS en termes d’activité physique, ils sont 70 % entre 6 et 10 ans, mais seulement 40 % parmi les 15-17 ans. La tendance est la même chez les filles, à des niveaux encore plus préoccupants : le ratio passe de 56 % à 16 % ! La prévalence de l’insuffisance pondérale, du surpoids et de l’obésité est d’ailleurs supérieure chez les filles.
Le développement des jeux vidéo et autres applis pour smartphone n’arrange rien…
En effet. L’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children montre une diminution du pourcentage d’enfants atteignant les recommandations entre 2014 et 2018, quel que soit l’âge de l’enfant. La situation se détériore donc. Aujourd’hui, une proportion significative d’enfants et adolescents admettent même que l’utilisation exacerbée des smartphones a des implications négatives sur leur santé mentale.
L’étude Activité physique et sédentarité de l’enfant et de l’adolescent réalisée en 2022 par la Chaire Santé en Mouvement, Assurance Prévention et l’ONAPS souligne une stagnation de la notation française à D-. Et ce, malgré les campagnes de prévention diffusées dans les médias. Il faut intensifier les efforts dans ce domaine.
Vous avez mené une expérimentation dans une école de Vichy, avec la mise en place de vélos-bureaux pour les enfants. Qu’avez-vous observé ?
Notre cohorte comprenait 75 écoliers qui ont utilisé les vélos-bureaux 3 à 4 fois par semaine par session de 30 minutes. Au bout de 9 semaines, nous avons constaté une amélioration des capacités motrices, des capacités cardiorespiratoires, de la force des membres supérieurs et inférieurs et de la performance aux tests cognitifs.
La promotion de l'activité physique de faible intensité par l'utilisation d'un vélo-bureau à l'école peut donc contribuer à compenser certains effets néfastes de la sédentarité excessive chez les enfants.
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