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Quelle attitude adopter en cas de suspicion d’endométriose ?
Vos règles sont particulièrement douloureuses et ne sont pas soulagées par le paracétamol, vous souffrez de douleurs chroniques (jambe, bas du dos, crampes digestives après le repas, etc.) dont l’intensité varie au rythme de vos cycles menstruels ? Vous souffrez peut-être d’endométriose, une maladie gynécologique qui se caractérise par la présence anormale, dans la cavité abdominale, de fragments de paroi interne de l’utérus. Cette maladie est plus fréquente qu’on l’imagine et pourrait toucher, en France, jusqu’à 10 % des femmes en âge de procréer. Qui consulter pour en avoir le cœur net ? Comment se passe le diagnostic ?
Avant de consulter pour une suspicion d’endométriose
Pour bien vous préparer, il peut être utile, pendant un ou deux cycles menstruels avant la consultation, de tenir un journal quotidien de vos symptômes et de vos règles : durée et abondance de celles-ci, diverses douleurs ressenties et leur intensité jour après jour (y compris des douleurs qui ne concernent pas le bas-ventre), fréquence des mictions (l’acte d’uriner), fatigue, sautes d’humeur, nausées, diarrhée ou constipation, difficultés à déféquer, douleurs pendant ou après les relations sexuelles, etc. Il existe aujourd’hui une grande variété d’applications mobiles dédiées au suivi des cycles menstruels, dont certaines ont été pensées dans l’optique de faciliter un éventuel diagnostic d’endométriose.
Ce journal sera d’une grande aide pour les professionnels de santé, en particulier pour repérer si vos douleurs s’intensifient à un certain moment de votre cycle menstruel, en particulier au moment des règles (ce qu’on appelle la "recrudescence cataméniale").
Quels professionnels de santé consulter si vous craignez de souffrir d’endométriose ?
Le premier interlocuteur naturel est bien sûr votre médecin traitant qui connaît vos antécédents de santé et voit régulièrement des patientes souffrant d’endométriose.
Votre gynécologue est évidemment un autre interlocuteur de choix, l’endométriose étant avant tout (mais pas seulement) une maladie gynécologique. C’est elle ou lui qui prescrira les examens nécessaires au diagnostic (voir ci-dessous) et qui vous orientera si vous souffrez de cette maladie. Si vous avez des problèmes de fertilité, il ou elle sera également en charge de vous accompagner tout au long du traitement.
Les sages-femmes sont également habilitées à diagnostiquer l’endométriose et à suivre les femmes qui en souffrent.
Comment se passe une consultation pour suspicion d’endométriose ?
Lorsqu’une patiente consulte pour une suspicion d’endométriose, le médecin ou la sage-femme lui pose d’abord une série de questions :
- sur la nature, l’intensité et la cyclicité de ses symptômes (c’est là où avoir tenu un journal s’avère très utile) ;
- l’âge de ses premières règles et leur régularité ;
- ses antécédents médicaux personnels et familiaux ;
- les conséquences de ses symptômes sur sa vie quotidienne et professionnelle (par exemple, l’absentéisme) et sur sa qualité de vie en général.
L’impact des symptômes sur la vie quotidienne peut être mesuré objectivement grâce à des questionnaires particuliers, dits "questionnaires de qualité de vie", adaptés à l’endométriose.
Ensuite, le professionnel de santé effectue un examen clinique, en particulier un examen gynécologique dit "orienté" (vers le dépistage d’une endométriose) : recherche de taches bleutées sur la paroi du vagin, douleurs ou présence de nodules lors du toucher vaginal, par exemple. Parfois, cet examen est complété par un toucher rectal.
Si cela lui semble pertinent, le professionnel de santé prescrit alors des examens complémentaires, en particulier des examens d’imagerie pour visualiser d’éventuelles lésions d’endométriose au sein de la cavité abdominale.
Quels sont les examens complémentaires prescrits lors de suspicion d’endométriose ?
Les examens complémentaires les plus fréquemment prescrits lors de suspicion d’endométriose sont l’échographie et/ou l’IRM.
L’échographie abdomino-pelvienne (du ventre et du bassin) est, en pratique, similaire à celle qui est faite lors du suivi d’une grossesse. Parfois, elle peut être complétée par une échographie endovaginale (une sonde échographique fine est insérée dans le vagin) ou endorectale (elle est insérée dans le rectum).
Dans certains cas, une IRM du ventre et du bassin est effectuée pour obtenir des images plus précises. En cas de doute, ces images peuvent faire l’objet d’une double lecture, par deux spécialistes indépendants, pour une analyse plus complète.
Ces examens cherchent à visualiser des lésions d’endométriose (kystes, nodules, adhérences, etc.). Lorsqu’ils montrent ce type de lésions, ils permettent de poser le diagnostic de façon certaine, de faire un bilan de la localisation des lésions et, éventuellement, de comprendre l’origine des symptômes. À noter, l’intensité de ceux-ci n’est pas directement liée à la taille des lésions : une petite lésion mal placée peut provoquer plus de symptômes qu’une lésion plus volumineuse mais qui n’affecte pas d’organe.
Parfois, aucune lésion n’est identifiable malgré l’existence d’une endométriose. Dans ce cas, le diagnostic est difficile à poser.
Les examens complémentaires plus rarement prescrits
Parce que les lésions d’endométriose peuvent affecter de nombreux organes (par exemple intestins, vessie, nerf sciatique, ovaires, utérus, parfois poumons), d’autres examens complémentaires spécifiques peuvent être prescrits au cas par cas : coloscanner (pour l’intestin et le rectum), cystoscopie (pour visualiser l’intérieur de la vessie), radiographie de l’abdomen, hystérographie (une radiographie de l’utérus et des trompes après injection d’une préparation spéciale, prescrite uniquement dans les cas d’infertilité), par exemple.
Dans un passé récent, un autre examen complémentaire était proposé, la cœlioscopie, qui consiste, sous anesthésie générale, à introduire une fibre optique et différents instruments via des incisions de 5 à 10 mm dans la paroi abdominale. Cette technique est par ailleurs largement utilisée pour effectuer des interventions chirurgicales sans ouvrir l’abdomen (par exemple pour traiter une appendicite).
Dans le contexte de l’endométriose, cet examen permet de visualiser directement les lésions, voire de faire des prélèvements afin de confirmer le diagnostic mais aussi, le cas échéant, d’enlever des lésions. Cependant, les dernières recommandations des experts déconseillent l’utilisation de la cœlioscopie uniquement pour le diagnostic. Elle ne doit être envisagée que si le chirurgien prévoit également d’enlever des lésions.
Après un diagnostic d’endométriose
Une fois le diagnostic d’endométriose posé, le traitement va dépendre des organes affectés par les lésions. Dans tous les cas, un traitement hormonal est proposé à base, le plus souvent, d’hormones contraceptives prises en continu pour supprimer les règles (à l’inverse des pilules contraceptives classiques où l’administration d’hormones est suspendue pendant quelques jours pour déclencher les règles). Selon les lésions, leur localisation et leur impact sur les organes voisins, un traitement chirurgical pourra être nécessaire pour enlever les lésions les plus symptomatiques, voire le plus de lésions possibles.
Quels sont les symptômes qui peuvent évoquer une endométriose ? Pour le savoir, lisez notre article "Endométriose : quels sont les symptômes qui doivent vous alerter ?"
Sources
"Prise en charge de l’endométriose", Haute Autorité de santé, 2018
"Le diagnostic de l’endométriose", Ministère des Solidarités et de la Santé, 2022
"Petite chronique de l’endométriose", Ministère des Solidarités et de la Santé, 2022
"Le diagnostic de l’endométriose", Association EndoFrance
"Le diagnostic de l’endométriose", Association EndoMind
"Comment se déroule une échographie abdomino-pelvienne", Assurance maladie, 2021
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